► En bref
- Amazon conteste la chronologie des médias
- La plateforme dénonce des critères trop restrictifs
- Une action est intentée devant le Conseil d’État
Amazon Prime vient de s’adonner à une tradition propre aux plateformes de streaming en France : critiquer, et contester, la chronologie des médias. Ce mécanisme, supposé protéger l’exception culturelle française, se voit fréquemment remis en question par les géants de la VoD et de la diffusion de contenus en ligne, notamment américains. Mais, au travers d’un long communiqué de presse, au titre hitchcockien, l’entreprise de Jeff Bezos va plus loin, en évoquant une action devant le Conseil d’État pour dénoncer l’accord signé entre l’État et les plateformes de diffusion.
Amazon conteste un délai incohérent
Au travers d’un texte riche en information, Amazon énumère donc ses actions en faveur du cinéma, et notamment de l’industrie audiovisuelle française. Mais, surtout, l’entreprise exprime dans son communiqué toute son incompréhension face à la chronologie des médias. Pour la société de Jeff Bezos, il s’agit d’un système qui “pénalise délibérément l’exploitation des films sur petit écran”. Une logique qui impacterait directement la durée de vie des œuvres en France, limitant de fait leur rentabilité, et donc l’intérêt du marché français.
La chronologie des médias, un serpent de mer à la française
Car la chronologie des médias est un mécanisme rigide, limitant la liberté de diffusion d’une œuvre cinématographique. Pour faire simple, tout film diffusé en salle doit suivre le même tunnel :
Diffusion |
Durée après sortie en salle |
Vente / location (DVD…) | 4 mois |
Canal+ / OCS | 6 mois |
Disney+ | 9 mois |
Netflix | 15 mois |
Amazon Prime, Max, Apple TV+, Paramount+ | 17 mois |
Télévision TNT | 22 mois |
Un processus long, inégal, et qui, selon Amazon, n’est plus en cohérence avec les modes de consommation des Français. En d’autres termes, un mécanisme obsolète et démodé. Et pour appuyer ses propos, le géant de la vidéo s’appuie sur un constat simple. Malgré un calendrier de diffusion plus avantageux, passé de 36 à 17 mois depuis un récent accord entre l’État et les plateformes, ce délai reste selon l’entreprise bien trop conséquent, tant vis-à-vis de la concurrence que pour le consommateur. De quoi amener la plateforme à conclure son communiqué de manière tranchante : certes, elle reste ouverte à une renégociation de l’accord de chronologie, mais, dans l’intervalle, elle intente une action devant le Conseil d’État.
Un recours qui rejoint celui déposé il y a quelques semaines par Netflix, qui conteste là aussi la chronologie des médias. De quoi faire bouger les lignes ? Rien n’est moins sûr. Car, en plus de 30 ans d’existence, le mécanisme a souvent été contesté, sans jamais être remis en question par les autorités.